Comment mieux anticiper les risques d’effondrement des balcons ?

Plusieurs chutes spectaculaires de balcons ont fait récemment la une des actualités, suscitant une vive et légitime émotion. L’Agence Qualité Construction indiquait dans un rapport en 2019 que l’on pouvait recenser à minima une dizaine de cas d’effondrements de balcons chaque année en France. Si ce nombre peut paraître faible du point de vue statistique, il nous interroge sur notre capacité à construire des bâtiments pérennes et à les entretenir, d’autant plus qu’il faut s’attendre à voir ces accidents se répéter avec une fréquence plus importante. Notre parc immobilier est en effet vieillissant : plus de 60% de nos bâtiments collectifs d’habitation ont été construits il y a plus de 50 ans.

Quelles sont les causes de ces effondrements de balcons ?

Les balcons sont des ouvrages particulièrement sensibles pour une raison simple : ce sont des structures en porte-à-faux, en saillie par rapport à la structure des bâtiments. Les typologies de balcons sont multiples, aussi nous nous concentrerons ici sur les balcons en béton armé, qui sont les plus courants dans nos bâtiments et que l’on retrouve dans la majorité des cas d’effondrement. Ils sont ancrés dans la structure principale de l’immeuble, souvent en prolongation de la dalle du plancher intérieur et sont tenus par des armatures en acier situées dans la partie supérieure de la dalle.

Les principales causes des effondrements de balcon sont bien connues et sont très souvent jumelées :

• Erreur de conception : mauvais dimensionnement initial du balcon, plutôt rare.
• Surcharge du balcon par les occupants : jardinières rapportées, sur-occupation, etc.
• Mauvaise mise en œuvre du ferraillage par l’entreprise : aciers mal positionnés.
• Vieillissement accéléré des structures : balcons sans étanchéité et mal entretenus, entrainant la corrosion des aciers.

Comment déceler les risques d’effondrement d’un balcon dus à son vieillissement ?

Les balcons fléchissent forcément lors de leur mise en service, sous l’effet de leur propre poids. Un phénomène qui est calculé et limité, et qui ne doit pas remettre en cause la bonne utilisation du balcon. Ce fléchissement entraîne inévitablement la création d’une fissure en partie haute de l’ancrage du balcon, c’est-à-dire à l’endroit où se situent les armatures structurelles du balcon. Cette fissure crée un point faible : les armatures se retrouvent exposées au ruissellement des eaux pluviales et à l’air humide, ce qui va provoquer leur corrosion et affaiblir la structure du balcon. Ce phénomène n’est qu’un exemple des effets du temps sur la structure des balcons.

Bien que cela serait souhaitable, il n’existe pas à ce jour de réglementation obligeant les propriétaires à faire vérifier régulièrement la structure de son bâtiment, avec une attention particulière sur les ouvrages sensibles. Il est cependant aujourd’hui possible de prévenir ces pathologies en réalisant des diagnostics structurels sur ces ouvrages. Des signes inquiétants peuvent souvent être décelés visuellement. Des instruments tels que des radars de béton ou des pachomètres peuvent être alors utilisés pour ausculter les structures en profondeurs des balcons présentant des risques identifiés. De ces diagnostics, on pourra déduire les mesures adéquates à prendre pour renforcer la structure du balcon et corriger le problème.

Comment améliorer la conception et la réalisation des balcons ?

En cas de sinistre, il est souvent constaté un mauvais positionnement des armatures lors de la construction du balcon. L’enrobage des aciers correspond à la distance entre la face supérieure du balcon et les armatures situées dans le béton armé. Cette distance est déterminée par le bureau d’études. Malheureusement, il arrive souvent que cet enrobage ne soit pas respecté et que les aciers soient mal positionnés (trop bas) du fait d’un mauvais calage en phase chantier. Ceci peut avoir des conséquences dramatiques. En effet, une erreur de quelques centimètres lors de la mise en œuvre des aciers des balcons peut entraîner un sous-dimensionnement de plus de 50% du balcon.

Afin d’améliorer la maîtrise de ces risques, certains acteurs de la filière prennent les devants. Les dispositions prises vont du contrôle technique systématique du ferraillage des balcons jusqu’à l’élaboration de cahiers des charges proscrivant des éléments en porte-à-faux de trop grandes dimensions. Globalement les entreprises de maîtrise d’œuvre se doivent d’améliorer la formation de toutes leurs équipes aux règles de l’art élémentaires du béton armé, notamment concernant les éléments à risques comme les balcons.

Les experts de SOCOTEC, spécialistes de la structure du bâti, vous accompagnent dans la prévention du risque d’effondrement des balcons présents sur vos immeubles. Un premier diagnostic visuel permet de déterminer la présence d’un risque. Nos équipes vous proposeront alors de réaliser des auscultations plus détaillées, afin de déterminer les éventuelles mesures à prendre.