Le Figaro, 9 avril 2024
DÉCRYPTAGE - Le spécialiste de l'inspection et du contrôle s'est considérablement internationalisé ces dernières années.
Avant tout projet de réindustrialisation , ou pour bâtir une nouvelle infrastructure de transport ou d'énergie, des études environnementales doivent être menées. Les bâtiments existants recevant du public sont également soumis à de plus en plus de contraintes, comme l'obligation de diminuer la consommation énergétique (décret tertiaire) et l'encadrement des moyens pour y parvenir (décret Bacs). Le groupe SOCOTEC (pour Société de contrôle technique et d'expertise de la construction) est compétent pour mener toutes ces études.
Créée en 1953, l'entreprise était à l'origine un acteur du monde de la construction. Aujourd'hui, ce spécialiste de l'inspection et du contrôle se présente comme étant le tiers de confiance pour le bâtiment et les infrastructures . Une évolution accélérée sous l'impulsion d'Hervé Montjotin, le président exécutif, arrivé à sa tête en 2016. « Nous avons transformé SOCOTEC au cours des dernières années, avec une diversification géographique et un renforcement de notre activité dans les infrastructures, explique le patron du groupe . Cela nous permet de réduire nos risques et d'afficher d'excellents résultats malgré les incertitudes géopolitiques. »
Moins d'exposition à la construction neuve
La France a ainsi largement perdu en importance. En 2016, le pays pesait 90 % de l'activité ; l'an dernier, c'était seulement 46 %, grâce à la forte croissance, interne et externe, réalisée en dehors de l'Hexagone. Désormais, 95 % du chiffre d'affaires est réalisé dans sept pays : la France, le Royaume-Uni, les États-Unis, l'Allemagne, l'Italie, les Pays-Bas et l'Espagne.
Socotec a considérablement réduit son exposition au cycle de la construction neuve, aujourd'hui largement à l'arrêt partout en Europe. « Cette exposition n'est plus que de 10%, contre 40% environ il y a cinq ou six ans », précise le patron.
Percevant un cycle très porteur, la direction a également décidé de se développer dans les infrastructures, qui représentent désormais 33 % de l'activité. SOCOTEC couvre tout le spectre : études, diagnostic, contrôle. « Il y a un enjeu majeur de création et de rénovation des infrastructures, analyse Hervé Montjotin . Partout, de nouvelles lignes de métro, la production d'énergies renouvelables, des réseaux de transport d'énergie se développent. Parallèlement, il faut rénover les infrastructures actuelles, qui pour beaucoup datent des années 1970. Cela nous ouvre un potentiel considérable. » SOCOTEC est présent sur la plupart des grands projets d'infrastructures en Europe, du tunnel ferroviaire Lyon-Turin à la ligne à grande vitesse HS2 en Angleterre, en passant par le nouveau métro du Grand Paris, plusieurs projets de métro en Allemagne ou le grand projet de pont entre la Sicile et l'Italie.
À l'inverse, SOCOTEC a considérablement réduit son exposition au cycle de la construction neuve, aujourd'hui largement à l'arrêt partout en Europe. « Cette exposition n'est plus que de 10 %, contre 40 % environ il y a cinq ou six ans » , précise le patron.
Chiffre d'affaires en hausse de 13 % en 2023
Le groupe travaille également beaucoup sur le bâti, notamment par le biais du diagnostic énergétique (DPE) ou de l'application du décret tertiaire. SOCOTEC estime que ce type d'activités bénéficie d'une dynamique importante. Aujourd'hui, environ un tiers du chiffre d'affaires du groupe y est lié. Et cette part devrait encore progresser.
Les comptes de l'année 2023 montrent la pertinence de la stratégie adoptée. Le chiffre d'affaires a atteint 1,3 milliard d'euros en 2023, en croissance de 13 %, dont 8 % en organique. En 2016, il n'était que de 700 millions d'euros. La marge d'excédent brut d'exploitation (Ebitda) s'est établie un peu au-delà de 17 %, en progression de 20 %. « Nous avons atteint les objectifs de notre plan stratégique 2024 avec un an d'avance, et en avons redéfini un nouveau pour 2028 », ajoute Hervé Montjotin. Le dirigeant vise « un chiffre d'affaires de 2,4 milliards d'euros à fin 2028, et un Ebitda de 440 millions d'euros, contre environ 250 millions aujourd'hui » .
Priorité aux États-Unis
Le rééquilibrage géographique des activités du groupe devrait se poursuivre. En 2028, la France ne devrait plus représenter que 40 % de l'activité. Et la dynamique va continuer à être alimentée par de la croissance organique, autour de 6 % par an, et une poursuite des acquisitions. « Nous visons 15 à 20 millions d'Ebitda acquis chaque année, soit une dizaine d'opérations par an », précise Hervé Montjotin. Au niveau géographique, la priorité portera sur les États-Unis. « Nous étions à zéro en 2019. Aujourd'hui, après sept acquisitions, nous y enregistrons un chiffre d'affaires de 180 millions de dollars, indique le dirigeant. Et nous visons 500 millions de dollars pour 2028. ».
Pour y parvenir, une acquisition de plus grande ampleur, d'au moins 100 millions d'euros de chiffre d'affaires, est envisagée.
Hervé Montjotin sait que ses actionnaires n'hésiteront pas à mettre la main à la poche pour la financer. SOCOTEC dispose d'un actionnaire majoritaire, le fonds d'investissement belge Cobepa, présent depuis 2013, qui a déjà montré sa volonté de soutenir le développement du groupe.